mardi 15 juin 2010

Le grand talent de Sarko : flatter la vanité de l'adversaire pour l'acheter

On pensera ce qu'on veut de Nicolas Sarkozy (pas trop fort quand-même car les inculpations tombent vite) mais on doit lui reconnaître au moins deux choses : d'abord, il a bien compris qu'il faut diviser pour mieux régner. La seconde, et qui va de pair avec la première, c'est qu'on peut obtenir beaucoup des gens en flattant leur ego. Il y a trois exemples extrêmement frappant à mes yeux de sa brillante mise en pratique des deux 'qualités' précitées.

Le premier exemple est la façon dont il s'est servi d'Éric Besson, transfuge du camp ségolâtre. Effectivement, avant de rallier le camp sarkozyste, Besson était un parfait inconnu sur la scène politique. Nicolas le Petit en a fait quelqu'un, disposant du même coup d'une source d'information privilégiée sur madame Royal, et d'une âme damnée totalement dévouée. En effet, avec son étiquette de traître et son absence de vrai passé politique, en faisant ce choix, monsieur Besson n'avait d'avenir qu'à travers les desseins de monsieur Sarkozy. A l'époque Philippe Val l'avait fort bien analysé dans un édito de Charlie Hebdo. Nous reviendrons sur le cas de Philippe Val, dont le retournement par rapports à ses valeurs affichées de l'époque tient littéralement de la schizophrénie. En confiant à Besson des tâches ingrates, il savait que l'autre mettrait un point d'honneur à les accomplir pour montrer à son maitre qu'il ne s'était pas trompé. Fort de sa nouvelle visibilité monsieur Besson a pu savourer sa revanche sur Sainte Ségo qui s'était un peu vite exclamée 'mais qui connaît monsieur Besson ?'. Sur le fond elle n'avait pas tout à fait tort, mais du point de vue tactique, bonjour la boulette ! Besson lui a retourné la réponse du berger à la bergère que l'on connaît.


Le deuxième exemple de cette excellente application conjointe de deux principes pour en faire une stratégie gagnante, est le ralliement d'Hervé Morin. Même schéma et mêmes caractéristiques de l'intéressé : pas de passé politique fort, effectivement avec son charisme d'huitre il ne fait d'ombre à personne au départ. En le prenant avec lui, Nicolas Sarkozy a complètement torpillé la dynamique que Bayrou avait su créer (sans parvenir à faire vraiment prendre la mayo, soit). Il a même réussit à lui faire créer un mouvement concurrent de Bayrou, 'le nouveau centre'. Un nouveau centre vide d'idées et de militants, mais avec une exposition médiatique entièrement donnée par Nicolas Sarkozy. Comme besson, Morin n'a même pas la carrure d'un député, mais Nicolas en a 'fait quelqu'un'. Mais compte tenu de son moindre potentiel, il lui a donné un poste dans lequel il n'est pas trop exposé. Il suffit de lui dire précisément ce qu'il doit faire... Puis de le ressortir en 2012 (oui tant qu'à faire s'il peut servir deux fois, ça amortira un peu les coûts, autant garder un bon R.O.I.).

Le troisième exemple est quand même le plus fort et le plus savoureux : savoureux car il s'agit de Philippe Val, grand chantre de la gauche intello, et fortiche car c'est un coup en deux bandes. Ce qui suit tient un peu de la supputation car je ne peux pas prouver ce que j'avance, mais mon petit doigt qui en sait long comme la muraille de Chine sur les manips de Nico le Grand, me l'a suggéré en comité de rédaction :

Premier temps : Siné, qui n'est pas le plus fin de l'équipe Charlie Hebdo, loin s'en faut, croque le prince Jean et le montre en train de se convertir au Judaïsme pour épouser la fille Darty. Nicolas sent le bon coup, il fait appeler Val pour lui proposer de Virer Siné, sans quoi c'est le journal tout entier qui sera poursuivi pour antisémitisme... Val, pas encore tout à fait décidé à saborder son canard, s'exécute et vire Siné, qui aussitôt monte un journal concurrent pour dénoncer son vendu d'ancien patron. 
Deuxième partie de la manoeuvre : afin d'achever Charlie Hebdo, Nicolas propose à monsieur Val de devenir son Vassal et lui promet de régner sur la province de radio France. On a ainsi non plus un canard d'opposition vigoureux, mais deux journaux concurrents, sans vrai leader et avec un lectorat divisé. C'est pas un coup de maitre ça ? 

Val qui se foutait de la gueule Besson et Morin deux ans avant, et qui ne se privait pas d'égratigner Sarko en tapant là ou ça fait mal, est devenu la pire des marionnettes sarkozystes. A l'heure ou j'écris ces lignes il vient de remanier seul dans son coin en bon autocrate, la grille des programmes de Radio France, sans donner la moindre info aux quelques 50 animateurs qui la font vivre quotidiennement (confere le Canard Enchainé de la semaine dernière). Je vous l'dis, il est quand-même fortiche le Sarko ! 

D’ailleurs, je vois que le Dir'Cab' de Luc Chatel m’a envoyé un mail à propos d’un éventuel poste de conseiller NTIC pour l’Education Nationale, je vais donc  devoir vous laisser car je sens qu’un grand destin m’appelle…

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