mardi 8 juin 2010

Bolloré-matin, Bolloré-soir, circulez y-a rien à voir !

Vous l’avez deviné, mon énervement du jour porte sur cet espèce de torchon bi-quotidien intitulé direct-matin et direct-soir. Je ne prendrais pas position aujourd’hui, pour ou contre la presse gratuite. Sur le fond, je vous avoue  que je trouve qu’il faut se méfier de la presse gratuite financée uniquement par les annonceurs. Déjà que tous les grands journaux ou presque, sont aux mains de grands groupes comme Pinault Printemps la Redoute et consorts, forçant implicitement ou très explicitement les journalistes à l’autocensure, (on ne peut pas trop égratigner les filiales du groupe auquel on appartient et encore moins les annonceurs sous peine de perdre les budgets pub, tous les journalistes ont cette pression au cul c’est bien clair). La presse gratuite, entièrement financée par la pub fait maintenant intégrante de notre quotidien, (surtout celui des parisiens peut-être ?). Tous les matins on a en général trois canards gratos à se mettre sous la dents : 20 minutes, métro, et direct-matin.

Je trouve que globalement la diversité et la qualité rédactionnelle de 20mn et métro sont très acceptables, (dans les limites de l’exercice avec les contraintes précédemment exprimées, mais qui finalement pèsent aussi sur la presse payante). J’aime bien ces deux canards, d’ailleurs, qui sont généralement mon premier contact avec les news, après mon survol internet du petit déj’. J’avoue avoir une petite préférence pour 20mn, dont je trouve la maquette plus dynamique, et le ton un peu plus incisif, même impertinent parfois (je ne me suis pas renseigné plus que ça sur leurs proprios respectifs, on verra plus tard si ça mérite développement…). Mais le troisième, direct-matin/direct-soir a le don de m’énerver au plus au point. 

La première raison, c’est que le propriétaire, Vincent Bolloré, prend soin de garder une ligne éditoriale vide de tout contenu politique qui pourrait fâcher son ami le président. Regardez celui du jour, vous ne risquez pas d’y croiser l’ombre d’un article qui pourrait fâcher le moindre membre du gouvernement. Nicolas a un niveau historiquement bas dans les sondages, Rama Yadé s’indigne des dépenses de la Fifa pour les chambres des bleus, la corruption miraculeuse du dossier Boulin, le déjeuner Sarko-Merkel repoussé, tout ça n’existe pas dans la « presse » (c’est inadapté, il faut trouver un autre mots pour ces torchons !) de Bolloré. Les canards de Bolloré, c’est le monde de Mickey (ou de Donald puisqu’on est dans la marre) conçu par des adultes tristes.

Ce cher Bolloré a beau ne pas récolter assez de budgets pubs et perdre de l’argent, il persiste à nous abreuver de ces non-nouvelles qui permettent d’occuper le petit peuple sans qu’il risque de réfléchir sur les problèmes politiques ou économiques dont il est le jouet, voire le dindon. Regardez l’absence de contenu bien structurée du Bolloré soir d’aujourd’hui :
-Une Couv’ avec Adriana Carambeu pour la croix-rouge, c’est zouli tout plein et politiquement correct, tip-top.
-Ensuite deux pages de sensationnel cheap, mélange de zapping internet et du JT de Jean-Pierre Pernaut : les vélibs à Londres, les hausses de salaires en Chine (pas un mot sur les suicides, hein Coco !), de la verdure dans le métro pour faire écolo… C’est bon ça Coco, t’as rempli tes deux pages !
-Ensuite, une double page sur la croix-rouge et la générosité de Matéï (non je n’invente pas, je l’ai sous les yeux !)
-Vient une page sur le sport (des jeux, ça reste l’opium du peuple, depuis l’antiquité ça n’a pas changé). On en profite pour cirer les grolles de Luc Chatel, qui soutient l’équipe de France (l’EDF pour les twittos ;-)) avec tellement de gentillesse et de ferveur…
Une page de pub (bon, pour une sortie cinéma, là vous êtes excusés ! Mais ni revenez pas)
-Ensuite une double page culturelle, (enfin, une page jeux vidéo pour faire la pub de Red Dead Redemption, pauvre blockbuster qui a bien besoin de publi-information, sic !) l’autre moitié étant dédié à des dessins-animés et à deux doigts de cinéma.
-Vient ensuite la rubrique « Mieux consommer » ou comment choisir une bonne nounou… Et la fin est du pur remplissage genre vomitif hard-core : le billet de Jean-Marc Morandini, qui veut nous rappeler qu’il a la puissance d’analyse d’une huître et qui nous explique aujourd’hui que Philippe Val a raison de virer  Didier Porte (non non, je réglerai son compte à PhilippeVal un autre jour, point trop n’en faut). Enfin, une longue interview de l’animateur de « AZAP », émission de W9 qui visiblement intercale du zapping internet et des sketchs maison. Je vous fais grâce de l’horoscope et du programme TV, mais voilà… En gros, la ménagère de moins de cinquante (de même que son mâle, hein, pas de sexisme Coco !) sont repus de tout plein de vide qui ne risque pas de faire de l’ombre à la majorité…

Autre chose qui m’énerve : les jeunes employés qui distribuent les journaux : ils sont bien gentils, mais à la Défense par exemple, il n’y en plus que pour eux : non seulement ceux des autres journaux n’ont plus droit de citer, mais eux sont tellement omniprésents que si tu veux entrer dans la gare tu es quasiment obligé de les bousculer ! Putain cassez-vous, merde ! Bon c’est pas leur faute à ces chtites djeunes, au moins pendant ce temps là ils ont une activité légale et rémunérée. Mais bon ça fait chier quand-même…

Bolloré, sont vrai métier, c’est quand même les feuilles à tarpé non ? Quelque part, les deux activités se rejoignent : elles ont pour support le papier, et pour objectif ultime de transformer le client en légume passif. Mais au moins le papier à rouler ne détruit les neurones que de ceux qui le réclament, alors que du côté de la presse poubelle c’est plus insidieux… Comme disait Tryo dans une chanson « Quand Bolloré s’roule un tarpé, il ouvre une usine OCB ». Vive la France de Sarko et de ses amis ! Bon, voilà. Je ne vais pas sombrer dans la mauvaise foi totale et prétendre que ses encres sont plus toxiques que celles des autres, mais comme disait Coluche à propos de « Minute », avec ça, plus besoin de lire Sartre, vous avez à la fois La Nausée et Les Mains Sales !

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