dimanche 27 juin 2010

Merci monsieur Pratchett



Je viens de terminer la lecture de "Procrastination" de Terry Pratchett. Un régal :)

Dans cette histoire, on va suivre les aventures de Jérémie, un horloger qui va construire une horloge  si parfaite qu'elle va arrêter le temps. On va suivre également les aventures de Lou-tsé, le vieux  balayeur du monastère du temps et de son disciple Lobsang. D'autres protagonistes comme les quatre  cavaliers de l'apocalypse, plus le cinquième qui est un peu moins connu, vont aussi venir se mêler du  sort de l'humanité

Ce vingt-septième volume des annales du disque monde n'est pas toujours aussi burlesque que d'autres,  mais on ne peut que s'incliner devant le génie de Terry Pratchett. Les petites phrases "à la con"de la  mégère couturière  deviennent d'une insondable profondeur quand elles sont sorties de leur contexte ménager et  exprimées par Lou-Tsé le vieux sage, et deviennent de vrais adages pleins de sagesse.

Les reflexions de Terry Pratchett sur le temps et ses paradoxes nous emmènent parfois sur le terrain  du très sérieux et même dela philosophie.
Il y a moins de nains, de trolls, de vampires et autres  bestioles qui hantent généralement les rue d'Ankh-Morpok, mais ce volume possède un charme tout-à-fait  envoûtant.

On retrouve tout de même le personnage récurrent de la mort et celui de la mort-aux-rats qui fait  toujours le même "COUIIII", car quand même hein, bon, faut pas déconner non plus.

C'est le deuxième bouquin de Terry Pratchett que je lis et vraiment (je dis vraiment car j'ai aussi commencé le tout premier en VO, mais je n'ai pas beaucoup avancé, bien que son écriture soit aussi très accessible en Anglais), ce mec est trop fort : un genre  de Tolkien en mode déconneur, avec pourtant une grande rigueur dans la structure du récit, une façon  bien à lui de nous emmener par les sentiers de son histoire. Comme je l'ai lu dans une autre critique, c'est un peu lent au début, l'histoire met du temps à se  mettre en place, mais une fois qu'on est ferré, c'est fini ! On ne peut plus le lâcher ce satanné livre !

J'ai découvert l'univers du disque monde il y a quelques années, non pas avec un livre mais par le  biais des jeux video. En effet, Discworld a été très brillamment adapté en jeux d'aventure "point and  click", d'abord avec "DiscWorld" puis avec "DiscWorld noir". Je ne connais pas bien le second, mais j'ai  joué au premier qui est un régal. Il y a tous les ingrédients du monde de Terry Pratchett : humour  Monthy Pythonesque, anachronismes, et des dialogues marrants à se pisser dessus (enfin surtout pour  les fans du genre, hein). Le héros de l'histoire est Rincevent, un apprenti magicien peu talentueux  qui va enquêter sur une mystérieuse secte. Rincevent est des personnages que l'on retrouve dans les  livres, en tout cas ceux du début.

Ce n'est que tout récemment que je me suis décidé à lire vraiment Monsieur Pratchett, et je ne le  regrette point. J'ai découvert ses romans avec "La Vérité", dans lequel Guillaume  Des Mots, un jeune homme valeureux épris de justice et de vérité, lance le premier journal d'Ankh- Morpok. C'est un livre également assez récent, dans l'oeuvre de Terry Pratchett. Il est plus facile  d'accès et aussi plus marrant globalement, que "Procrastination".

Bref le monde de monsieur Pratchett est fabuleusement déconnant, c'est une foire iconoclaste permanente, truffée de référence à la vie moderne et pleine de blague d'IT bien débiles, ou au contraire assez profondes sur le deuxième ou le troisième degré. Autant vous dire que c'est bien clair, je vais acheter les autres, c'est certain !

Quelques citations tirées de "Procrastination" :

Si on installait un commutateur dans une caverne n'importe où, puis qu'on le flanquait d'un écriteau  disant « Commutateur de fin du monde. PRIÈRE DE NE PAS TOUCHER », la peinture n'aurait même pas le  temps de sécher.

Dame Ligion se laisse gagner par son humanité nouvellement acquise, et a finalement du mal à  enclencher le processus de la fin du monde :
"Toujours remettre à demain ce que, demain, on pourrait remettre à… disons, l'année prochaine."

mardi 15 juin 2010

Le grand talent de Sarko : flatter la vanité de l'adversaire pour l'acheter

On pensera ce qu'on veut de Nicolas Sarkozy (pas trop fort quand-même car les inculpations tombent vite) mais on doit lui reconnaître au moins deux choses : d'abord, il a bien compris qu'il faut diviser pour mieux régner. La seconde, et qui va de pair avec la première, c'est qu'on peut obtenir beaucoup des gens en flattant leur ego. Il y a trois exemples extrêmement frappant à mes yeux de sa brillante mise en pratique des deux 'qualités' précitées.

Le premier exemple est la façon dont il s'est servi d'Éric Besson, transfuge du camp ségolâtre. Effectivement, avant de rallier le camp sarkozyste, Besson était un parfait inconnu sur la scène politique. Nicolas le Petit en a fait quelqu'un, disposant du même coup d'une source d'information privilégiée sur madame Royal, et d'une âme damnée totalement dévouée. En effet, avec son étiquette de traître et son absence de vrai passé politique, en faisant ce choix, monsieur Besson n'avait d'avenir qu'à travers les desseins de monsieur Sarkozy. A l'époque Philippe Val l'avait fort bien analysé dans un édito de Charlie Hebdo. Nous reviendrons sur le cas de Philippe Val, dont le retournement par rapports à ses valeurs affichées de l'époque tient littéralement de la schizophrénie. En confiant à Besson des tâches ingrates, il savait que l'autre mettrait un point d'honneur à les accomplir pour montrer à son maitre qu'il ne s'était pas trompé. Fort de sa nouvelle visibilité monsieur Besson a pu savourer sa revanche sur Sainte Ségo qui s'était un peu vite exclamée 'mais qui connaît monsieur Besson ?'. Sur le fond elle n'avait pas tout à fait tort, mais du point de vue tactique, bonjour la boulette ! Besson lui a retourné la réponse du berger à la bergère que l'on connaît.


Le deuxième exemple de cette excellente application conjointe de deux principes pour en faire une stratégie gagnante, est le ralliement d'Hervé Morin. Même schéma et mêmes caractéristiques de l'intéressé : pas de passé politique fort, effectivement avec son charisme d'huitre il ne fait d'ombre à personne au départ. En le prenant avec lui, Nicolas Sarkozy a complètement torpillé la dynamique que Bayrou avait su créer (sans parvenir à faire vraiment prendre la mayo, soit). Il a même réussit à lui faire créer un mouvement concurrent de Bayrou, 'le nouveau centre'. Un nouveau centre vide d'idées et de militants, mais avec une exposition médiatique entièrement donnée par Nicolas Sarkozy. Comme besson, Morin n'a même pas la carrure d'un député, mais Nicolas en a 'fait quelqu'un'. Mais compte tenu de son moindre potentiel, il lui a donné un poste dans lequel il n'est pas trop exposé. Il suffit de lui dire précisément ce qu'il doit faire... Puis de le ressortir en 2012 (oui tant qu'à faire s'il peut servir deux fois, ça amortira un peu les coûts, autant garder un bon R.O.I.).

Le troisième exemple est quand même le plus fort et le plus savoureux : savoureux car il s'agit de Philippe Val, grand chantre de la gauche intello, et fortiche car c'est un coup en deux bandes. Ce qui suit tient un peu de la supputation car je ne peux pas prouver ce que j'avance, mais mon petit doigt qui en sait long comme la muraille de Chine sur les manips de Nico le Grand, me l'a suggéré en comité de rédaction :

Premier temps : Siné, qui n'est pas le plus fin de l'équipe Charlie Hebdo, loin s'en faut, croque le prince Jean et le montre en train de se convertir au Judaïsme pour épouser la fille Darty. Nicolas sent le bon coup, il fait appeler Val pour lui proposer de Virer Siné, sans quoi c'est le journal tout entier qui sera poursuivi pour antisémitisme... Val, pas encore tout à fait décidé à saborder son canard, s'exécute et vire Siné, qui aussitôt monte un journal concurrent pour dénoncer son vendu d'ancien patron. 
Deuxième partie de la manoeuvre : afin d'achever Charlie Hebdo, Nicolas propose à monsieur Val de devenir son Vassal et lui promet de régner sur la province de radio France. On a ainsi non plus un canard d'opposition vigoureux, mais deux journaux concurrents, sans vrai leader et avec un lectorat divisé. C'est pas un coup de maitre ça ? 

Val qui se foutait de la gueule Besson et Morin deux ans avant, et qui ne se privait pas d'égratigner Sarko en tapant là ou ça fait mal, est devenu la pire des marionnettes sarkozystes. A l'heure ou j'écris ces lignes il vient de remanier seul dans son coin en bon autocrate, la grille des programmes de Radio France, sans donner la moindre info aux quelques 50 animateurs qui la font vivre quotidiennement (confere le Canard Enchainé de la semaine dernière). Je vous l'dis, il est quand-même fortiche le Sarko ! 

D’ailleurs, je vois que le Dir'Cab' de Luc Chatel m’a envoyé un mail à propos d’un éventuel poste de conseiller NTIC pour l’Education Nationale, je vais donc  devoir vous laisser car je sens qu’un grand destin m’appelle…

mardi 8 juin 2010

Bolloré-matin, Bolloré-soir, circulez y-a rien à voir !

Vous l’avez deviné, mon énervement du jour porte sur cet espèce de torchon bi-quotidien intitulé direct-matin et direct-soir. Je ne prendrais pas position aujourd’hui, pour ou contre la presse gratuite. Sur le fond, je vous avoue  que je trouve qu’il faut se méfier de la presse gratuite financée uniquement par les annonceurs. Déjà que tous les grands journaux ou presque, sont aux mains de grands groupes comme Pinault Printemps la Redoute et consorts, forçant implicitement ou très explicitement les journalistes à l’autocensure, (on ne peut pas trop égratigner les filiales du groupe auquel on appartient et encore moins les annonceurs sous peine de perdre les budgets pub, tous les journalistes ont cette pression au cul c’est bien clair). La presse gratuite, entièrement financée par la pub fait maintenant intégrante de notre quotidien, (surtout celui des parisiens peut-être ?). Tous les matins on a en général trois canards gratos à se mettre sous la dents : 20 minutes, métro, et direct-matin.

Je trouve que globalement la diversité et la qualité rédactionnelle de 20mn et métro sont très acceptables, (dans les limites de l’exercice avec les contraintes précédemment exprimées, mais qui finalement pèsent aussi sur la presse payante). J’aime bien ces deux canards, d’ailleurs, qui sont généralement mon premier contact avec les news, après mon survol internet du petit déj’. J’avoue avoir une petite préférence pour 20mn, dont je trouve la maquette plus dynamique, et le ton un peu plus incisif, même impertinent parfois (je ne me suis pas renseigné plus que ça sur leurs proprios respectifs, on verra plus tard si ça mérite développement…). Mais le troisième, direct-matin/direct-soir a le don de m’énerver au plus au point. 

La première raison, c’est que le propriétaire, Vincent Bolloré, prend soin de garder une ligne éditoriale vide de tout contenu politique qui pourrait fâcher son ami le président. Regardez celui du jour, vous ne risquez pas d’y croiser l’ombre d’un article qui pourrait fâcher le moindre membre du gouvernement. Nicolas a un niveau historiquement bas dans les sondages, Rama Yadé s’indigne des dépenses de la Fifa pour les chambres des bleus, la corruption miraculeuse du dossier Boulin, le déjeuner Sarko-Merkel repoussé, tout ça n’existe pas dans la « presse » (c’est inadapté, il faut trouver un autre mots pour ces torchons !) de Bolloré. Les canards de Bolloré, c’est le monde de Mickey (ou de Donald puisqu’on est dans la marre) conçu par des adultes tristes.

Ce cher Bolloré a beau ne pas récolter assez de budgets pubs et perdre de l’argent, il persiste à nous abreuver de ces non-nouvelles qui permettent d’occuper le petit peuple sans qu’il risque de réfléchir sur les problèmes politiques ou économiques dont il est le jouet, voire le dindon. Regardez l’absence de contenu bien structurée du Bolloré soir d’aujourd’hui :
-Une Couv’ avec Adriana Carambeu pour la croix-rouge, c’est zouli tout plein et politiquement correct, tip-top.
-Ensuite deux pages de sensationnel cheap, mélange de zapping internet et du JT de Jean-Pierre Pernaut : les vélibs à Londres, les hausses de salaires en Chine (pas un mot sur les suicides, hein Coco !), de la verdure dans le métro pour faire écolo… C’est bon ça Coco, t’as rempli tes deux pages !
-Ensuite, une double page sur la croix-rouge et la générosité de Matéï (non je n’invente pas, je l’ai sous les yeux !)
-Vient une page sur le sport (des jeux, ça reste l’opium du peuple, depuis l’antiquité ça n’a pas changé). On en profite pour cirer les grolles de Luc Chatel, qui soutient l’équipe de France (l’EDF pour les twittos ;-)) avec tellement de gentillesse et de ferveur…
Une page de pub (bon, pour une sortie cinéma, là vous êtes excusés ! Mais ni revenez pas)
-Ensuite une double page culturelle, (enfin, une page jeux vidéo pour faire la pub de Red Dead Redemption, pauvre blockbuster qui a bien besoin de publi-information, sic !) l’autre moitié étant dédié à des dessins-animés et à deux doigts de cinéma.
-Vient ensuite la rubrique « Mieux consommer » ou comment choisir une bonne nounou… Et la fin est du pur remplissage genre vomitif hard-core : le billet de Jean-Marc Morandini, qui veut nous rappeler qu’il a la puissance d’analyse d’une huître et qui nous explique aujourd’hui que Philippe Val a raison de virer  Didier Porte (non non, je réglerai son compte à PhilippeVal un autre jour, point trop n’en faut). Enfin, une longue interview de l’animateur de « AZAP », émission de W9 qui visiblement intercale du zapping internet et des sketchs maison. Je vous fais grâce de l’horoscope et du programme TV, mais voilà… En gros, la ménagère de moins de cinquante (de même que son mâle, hein, pas de sexisme Coco !) sont repus de tout plein de vide qui ne risque pas de faire de l’ombre à la majorité…

Autre chose qui m’énerve : les jeunes employés qui distribuent les journaux : ils sont bien gentils, mais à la Défense par exemple, il n’y en plus que pour eux : non seulement ceux des autres journaux n’ont plus droit de citer, mais eux sont tellement omniprésents que si tu veux entrer dans la gare tu es quasiment obligé de les bousculer ! Putain cassez-vous, merde ! Bon c’est pas leur faute à ces chtites djeunes, au moins pendant ce temps là ils ont une activité légale et rémunérée. Mais bon ça fait chier quand-même…

Bolloré, sont vrai métier, c’est quand même les feuilles à tarpé non ? Quelque part, les deux activités se rejoignent : elles ont pour support le papier, et pour objectif ultime de transformer le client en légume passif. Mais au moins le papier à rouler ne détruit les neurones que de ceux qui le réclament, alors que du côté de la presse poubelle c’est plus insidieux… Comme disait Tryo dans une chanson « Quand Bolloré s’roule un tarpé, il ouvre une usine OCB ». Vive la France de Sarko et de ses amis ! Bon, voilà. Je ne vais pas sombrer dans la mauvaise foi totale et prétendre que ses encres sont plus toxiques que celles des autres, mais comme disait Coluche à propos de « Minute », avec ça, plus besoin de lire Sartre, vous avez à la fois La Nausée et Les Mains Sales !

lundi 7 juin 2010

Introduction (en douceur)

Bon, c'est bien joli d'ouvrir un blog, c'est super hype et tout et tout, mais maintenant il va falloir nourrir la bête (ça vient de là cette notion de feed ?), y mettre du 'contenu à forte valeur ajoutée' comme on dit à la OueurldeCompagnie, des choses pertinentes. Ou impertinentes d’ailleurs, mais point de portenawak. Il s'agit pas de causer de tout et de rien en vrac comme à l'apéro avec les potes ou sur Twitter avec des potes qu'on connaît moins, mon bon monsieur. Surtout que le milieu bloggien s'est hachement professionalisé, surtout chez les amateurs ! Le public est cultivé (ou pas, hein ? Sans jugement de valeur, tout le monde n'a pas eu la chance de faire de longues études littéraires, moi le premier), il est exigeant, il en veut pour ses trente Euro d’adsl mensuel. Il veut de l'analyse, de l'émotion, du rire, de la reflexion ! Bref on n'est pas au bistrot ni sur Fesse-Bouc avec des amis bienveillants, on est dans la vaste djeungueule du Ouaibe. Cher lecteur, chère lectrice, j'en suis bien conscient, et je ne vais pas te les briser avec des considérations sur la couleur du ciel, du cheval d'Henri Quatre, de celle du diluant à cornflakes ou encore de celle de mon slip immaculé (oui j'aime le blanc et alors !). Ou alors c'est qu'il y aura une bonne raison de le faire, tu peux me croire. Mais promis je te les briserai pas avec des considérations aussi ineptes qu’absconses.

Juste un mot sur le nom du blog pour les béotiens,  les malcomprenants et les cinéphobes. Le titre est bien sûr tiré des tontons flingueurs, la célèbre scène de la cuisine dans laquelle ces messieurs constatent que 'y a plus d'tout venant, on se lance dans l'bizarre ?' et sortent l'énorme fiole de gnôle, immédiatement identifiée par Lino Ventura comme étant l'alcool du mexicain, décédé au début du film. Ils se livrent ensuite à divers commentaires et cherchent à deviner la composition de l'alcool en question. Celui qui cherche le plus sérieusement est Paul Volfoni alias Jean Lefebvre. Il hésite mais affirme néanmoins 'Y a pas que d'la pomme, mais y en a'. A ce moment là, ces messieurs commencent à être franchement rétamés par la gnôle en question et la mine de Jean Lefebvre est trop marrante. On jurerait qu'il est vraiment caisse. Bref, même si j'enfonce une porte ouverte comme les jupes de Zahia, c'est du très grand Audiard, et les acteurs sont tous au top. Comme c'est un de mes films cultes, j'avais envie de faire un hommage permanent au petit cycliste. Et puis citer Audiard comme référence est peut-être un moyen pour moi de mettre la pression et de me dire : tu peux faire marrer les gens, mais surtout évite la médiocrité. Elle est assez omniprésente, laisse la à ceux dont c'est le métier !

Voilà, c’est dit. Bienvenue à bord !